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Childish Gambino, le Californien à l’ambition démesurée a déjà vécu mille vies, à commencer par celle de comédien et de scénariste. Encore à l’université, Glover fait ses armes en écrivant des sketchs pour l’émission satyrique américaine The Daily Show, avant d’être repéré par Tina Fey. La reine du show humoristique Saturday Night Live propulse le gamin, 23 ans à peine, dans le crew de scénaristes de la série 30 Rock, qu’il quitte au bout de trois ans : chez Glover, la détermination va de pair avec une certaine prédisposition à l’hyperactivité. “C’est sûr, j’aurais pu y rester, avoir un bon salaire, peut-être même produire ma propre série au bout de quelques années, mais ça ne me suffisait pas : je savais dès le début que je ne voulais pas être qu’un scénariste”, lâche-t-il.
En 2009, il entre au générique de la géniale sitcom de Dan Harmon Community, qui relate l’histoire d’une belle bande de losers coincés ensemble dans une université minable. Donald devient Troy Barnes, ex-quaterback déchu et pas très malin. Avec Abed Nadir, geek surdoué joué par Danny Pudi, il forme l’un des meilleurs duos de la télévision américaine actuelle – on ne compte plus le nombre de sites dédiés à la paire sur le net. “C’est un job très drôle, mes collègues sont ma deuxième famille, mais les journées de tournage sont très longues. Et puis on nous donne les textes le jour même : c’est un coup à te cramer le cerveau.”
En marge de la série, il s’offre une nouvelle panoplie, celle de musicien, et sort un premier album coproduit par le directeur musical de Community. Sous le nom de Childish Gambino, le jeune homme au flow costaud s’essaie au gros rap qui tache (Bonfire), au hip-hop bardé d’électro (le mini-tube Heartbeat) et aux ballades plus ou moins dignes. S’il pêche parfois en tombant dans les clichés du r’n’b mainstream, Camp fascine surtout parce qu’il met le doigt sur ce que Glover sait faire de mieux : enfiler le costume d’un autre.
En parfait acteur, il joue à Lil Wayne (You See Me), Kanye West (L.E.S.), Drake (All the Shine), Cypress Hill (Backpackers) ou Jay-Z (Fire Fly) avec une justesse et une ironie déconcertantes. Sur scène, le piège se referme : en plus d’être un bon comédien, Glover est un incroyable entertainer capable de galvaniser une foule en un claquement de doigts. “Je commence à penser que je suis schizophrène. Tu crois que je vais finir par me raser la tête comme Britney Spears ?”, demande-t-il en riant. Aucune chance : la sienne semble solidement attachée à ses épaules, qu’il soit Troy Barnes, Donald Glover ou Childish Gambino.
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