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Frank Vincent Zappa (né le 21 décembre 1940 à Baltimore - mort le 4 décembre 1993 à Los Angeles) est un musicien, guitariste et satiriste américain. Durant sa carrière musicale de 33 ans, Zappa a été l'un des musiciens-compositeurs les plus prolifiques de son époque, réalisant plus de 60 albums, la plupart constitués de compositions originales. Il est aussi un guitariste renommé, ainsi qu'ingénieur-producteur ayant réalisé et produit quasiment tous ses enregistrements depuis ses débuts en 1966.
Son travail d'avant-garde est un mélange de styles musicaux très différents (notamment de musique contemporaine, musique expérimentale, rock, jazz-rock fusion, blues, doo-wop, musique électronique), mêlé d'une satire sociale teintée d'humour décapant, parfois graveleux, et d'absurde.
Frank Zappa a également été un révélateur de talents au sein de ses différents groupes, parmi lesquels Aynsley Dunbar, Lowell George (en), Jean-Luc Ponty, George Duke, Napoleon Murphy Brock, Ruth Underwood, Terry Bozzio, Tommy Mars, Vinnie Colaiuta, Steve Vai, Adrian Belew, Chad Wackerman, Mike Keneally.
Né à Baltimore (Maryland) dans une famille d'origine sicilienne par son père, Francis Vincent Zappa, et franco-italienne par sa mère, Rose Marie Colimore, il était l'aîné de quatre enfants, ayant deux frères et une sœur. Zappa grandit en Californie, dans un mélange d'influences mêlant compositeurs d'avant-garde, comme Edgard Varèse, qu'il considère alors comme « le plus grand compositeur vivant » et Igor Stravinski, et groupes locaux de rhythm and blues.
Son premier instrument est la batterie, et il intègre différents groupes en tant que batteur. Après avoir débuté une carrière d'auteur de chansons, Zappa rejoint un groupe local de R&B en tant que guitariste. Peu de temps après, il rebaptise le groupe The Mothers, diminutif de Motherfuckers, ce qui ne plaît guère à la maison de disques. Le groupe est donc rebaptisé The Mothers of Invention.
Les Mothers sont alors accompagnés par le producteur Tom Wilson, et sortent le double album Freak Out! (1966), un mélange de R&B et de collages sonores expérimentaux. L’année suivante sort l’album Absolutely Free, qui voit l’éloignement dans le processus de production de Tom Wilson. Zappa, voyant que son producteur était plus occupé au téléphone que dans la cabine d'enregistrement, lui propose de produire lui-même l'album, habitude qu'il garda jusqu'à la fin de sa carrière. Zappa enregistre également We're Only In It For The Money, une satire grinçante du flower power mais aussi du mode de vie traditionnel américain ; la couverture parodie celle de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles, remplaçant les fleurs par des légumes.
Dans la foulée de We're Only In It For The Money, sorti aux Etats-Unis en mars 1968, est commercialisé en mai le premier album solo de Zappa, Lumpy Gravy. Cet album est un collage de musique contemporaine (enregistrée en trois jours avec le Abnuceals Emuukha Electric Symphony Orchestra) et dialogues, réutilisés dans son dernier album, Civilization, Phaze III. L’album est signé « Francis Vincent Zappa ».
Frank Zappa et son groupe en 1971.
Après plusieurs albums avec The Mothers, dont Cruising With Ruben & The Jets, au parfum de musique doo-wop, ou encore l'album-concept Uncle Meat, Zappa sort Hot Rats un album solo instrumental à l'écriture ciselée où apparaît son jeu de guitare influencé par le jazz, ainsi qu'un album de concert en public enregistré au Fillmore East (avec la participation de John Lennon et Yoko Ono.
Le 4 décembre 1971, pendant qu’il se produit avec son groupe au Casino de Montreux au bord du lac Léman, en Suisse, le feu prend dans le plafond de la salle, allumé par une fusée de détresse tirée par l'un des spectateurs. Le Casino ainsi que le matériel des Mothers sont intégralement détruits, mais Zappa réussit à faire sortir tout le public sans incidents graves et dans le calme. Cet événement sera immortalisé dans la chanson Smoke on the Water du groupe Deep Purple, qui enregistrait au même moment l'album Machine Head dans le studio mobile des Stones. On peut entendre cet événement sur le bootleg Fire! édité officiellement dans le coffret Beat the Boots II.
Peu après, le 10 décembre 1971, Zappa est projeté dans la fosse d’orchestre par un spectateur, Trevor Howell, lors d’un concert donné au Rainbow Theatre de Londres. Celui-ci justifia l'agression de deux manières : soit il jugea la qualité de la prestation trop médiocre, soit il considéra que le compositeur-guitariste avait regardé sa petite amie avec trop d’insistance. Frank Zappa souffre de plusieurs fractures, d’un traumatisme crânien, de blessures au dos, au cou, ainsi que d’un écrasement du larynx. Pendant plus d'un an, Zappa reste en chaise roulante, dans l'incapacité de jouer en concert et gardera des séquelles de l'événement :
« J’ai fini par me remettre, mais ma jambe est restée un poil plus courte que l’autre, d’où ces années de douleurs chroniques dans le dos. Durant ma saison en fauteuil roulant, j’ai refusé interviews et photos, je voulais juste faire de la musique, et j’ai quand même pu réaliser trois albums : Waka/Jawaka, Just Another Band From L.A. et The Grand Wazoo ».
En 1972, sortent donc deux albums de jazz avec un orchestre big-band : Waka/Jawaka et The Grand Wazoo. Face aux coûts de fonctionnement du grand orchestre et de l'échec commercial, Zappa décide d'évoluer vers un style de composition plus accessible. Les résultats sont Over-Nite Sensation, Apostrophe, Roxy & Elsewhere et One Size Fits All, avec une nouvelle version des Mothers, comprenant George Duke (claviers), Napoleon Murphy Brock (saxophone et chant), Ruth Underwood (percussions), Chester Thompson (batterie). C'est aussi l'ultime déclinaison des Mothers of Invention. Après un dernier disque en public enregistré en 1975 avec son vieux complice Captain Beefheart, Bongo Fury, Frank Zappa dissout définitivement The Mothers of Invention, et ne publiera désormais plus que sous son propre nom.
En 1977, Frank Zappa veut produire un coffret à huit faces (quatre disques) qu’il intitule Läther (seul 300 coffrets de 4 LP seront distribués aux radios) et qui doit représenter son travail en studio, sur scène et d’orchestration. Mais la maison de disques qui doit le distribuer, la Warner, refuse de le publier. Au lieu de quoi, le contenu de ce disque « perdu » (jusqu’en 1996, œuvre que sa famille commercialisera telle qu’elle était conçue au départ sous la forme d'un coffret CD trois ans après son décès), apparaîtra éparpillé sur quatre albums différents: Zappa in New York, Studio Tan, Sleep Dirt et Orchestral Favorites. D’autres bouts seront aussi présents sur Shut Up 'n Play Yer Guitar et Zoot Allures.
En décembre 1977, sur les ondes de la radio de Pasadena KROQ radio, il diffuse Läther dans son intégralité en déclarant au micro « Ici Frank Zappa, je suis votre disc-jockey temporaire, prenez votre petit appareil à cassette et enregistrez cet album qui ne sera peut-être jamais disponible pour le grand public. »
Zappa attaque la Warner qui a refusé de le payer pour tout ce matériel qu'elle a publié un peu n'importe comment, crée son propre label, Zappa Records, distribué par Mercury/Phonogram, et publie en 1979 Sheik Yerbouti (album basé sur des enregistrements live de sa tournée européenne 1978), qui marque le début d’une excellente période en termes de réussite commerciale et contient un titre qui se classera no 1 en Norvège : Bobby Brown. Dans le groupe qui l'accompagne alors, le batteur Terry Bozzio, le guitariste Adrian Belew, et le claviériste Tommy Mars se mettent en valeur pour se couler parfaitement dans l'esprit et la technicité de sa musique.
Dans la foulée, l'« American composer » (« compositeur américain », comme il aimait se définir10), sort l'opéra-rock en trois actes Joe's Garage, interprété par un nouveau groupe (dont le chanteur Ike Willis, le batteur Vinnie Colaiuta, le bassiste Arthur Barrow et le guitariste Warren Cucurullo), et où tous les genres musicaux du rock (du reggae au disco en passant par le funk, la pop ou le rythm'n'blues) sont abordés à la sauce Zappa. Il y brocarde notamment l'Église de scientologie, qui devient ici « church of appliantology » (dont il change le nom du fondateur L. Ron Hubbard en L. Ron Hoover). On y trouve aussi la phrase-manifeste Music is the Best (la musique est la meilleure des choses). Ce sera un de ses plus grands succès commerciaux.
À partir du début des années 1980, Zappa explore les liens entre la musique qu'il a toujours jouée et la musique savante, en enregistrant notamment deux disques avec le London Symphony Orchestra. Le 9 janvier 1984, Pierre Boulez et l'Ensemble intercontemporain jouent trois pièces de Zappa qui feront partie de l'album Boulez Conducts Zappa: The Perfect Stranger qui sortira à la fin de la même année.
Après une interruption, Zappa revient et une grande partie de son travail ultérieur est influencée par son utilisation du synclavier comme outil de scène ou de composition, ainsi que par sa maîtrise des techniques de studio pour produire des effets sonores singuliers. Il est l'inventeur de la xenochronie, technique de studio utilisée sur de nombreux albums. Son travail devient également plus explicitement politique : il se moque des télévangélistes et du Parti républicain américain.
Au début des années 1990, Zappa consacre presque toute son énergie à des travaux orchestraux et de synclavier. Fin 1991, sa fille aînée, Moon Unit, révèle à la presse que son père est atteint d’un cancer de la prostate, maladie qui l'emporte le 4 décembre 1993, à l'âge de 52 ans. Sa dernière tournée accompagné d'une formation rock a eu lieu en 1988, avec un ensemble de 12 musiciens de qui il exige de connaître plus de 100 compositions, la plupart tirées du répertoire de Zappa, mais qui se sépare par mésentente avant la fin de la tournée. Celle-ci est cependant immortalisée dans les albums The Best Band You Never Heard in Your Life (des morceaux aux textes « politiques », et des reprises de musiques de films principalement), Make a Jazz Noise Here (principalement de la musique instrumentale et expérimentale), Broadway the Hard Way (de nouvelles chansons), ainsi que sur quelques plages de You Can't Do That on Stage Anymore, Vol. 6.
You Can't Do That On Stage Anymore ("tu ne peux plus faire cela sur scène désormais") est la dernière production importante de sa vie. Un projet majeur qu'il parvient tout juste à mener à bien, les volumes 5 et 6 étant publiés en 1992 : il compile sur six doubles CD (et près de 13 heures d'écoute) trois décennies de prestations scéniques, mêlant (parfois dans la même chanson) tous ses différents groupes et toutes les époques sans aucun ordre chronologique. C'est une plongée vertigineuse dans ce qu'il appelait the conceptual continuity, la continuité conceptuelle qui définit la cohérence globale de son œuvre. Très tôt, Frank Zappa avait entrepris d'enregistrer tous ses concerts, les bandes, qui servaient souvent de base à ses albums live ou studio, étant stockées dans un endroit mythique dénommé The Vault (la chambre-forte) d'où la famille Zappa continue à sortir régulièrement des albums.
Quelque temps avant sa mort, Zappa s'occupa de la politique culturelle tchèque à la demande de Václav Havel ; les deux hommes avaient une profonde estime mutuelle.
Ses deux fils, Ahmet et Dweezil Zappa, sont également musiciens ; ensemble ils ont formé le groupe Z. En mai et juin 2006, son fils Dweezil a organisé et dirigé la tournée Zappa Plays Zappa présentant exclusivement des morceaux composés par son père.
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